Résumé :

1375. La guerre de Grenade fait rage, les Maures protègent jalousement le secret des routes de caravane qui apportent l'or d'Afrique, les épices et la soie d'Asie. Devant la barrière de l'Islam, tout chemin de terre demeure interdit. Est-il une route par la mer ? Le pays qui pourra passer les portes du grand océan le couvrira de bateaux... Partagé entre le désir et la crainte, tout l'Occident se penche sur les premières cartes à naviguer. Il est un cartographe, à Majorque, qui connaît les secrets des navigateurs arabes, un astronome savant qui maîtrise la science venue des grecs. A la demande du roi d'Aragon, le juif des boussoles, Abraham Cresques, va peindre le chemin de l'or et la limite, jusque là inconnue, de la côte africaine, en sa fameuse carte, l'Atlas Catalan. Il ouvre une voie nouvelle, celle du pays des Noirs et de ces îles Bienheureuses que l'on situe aux confins du grand océan.

La faveur du roi en fait le premier cartographe du royaume d'Aragon. Dans l'atelier de Majorque, les cartes se succèdent, ouvrant à Abraham les portes de la ville chrétienne. Il devient puissant et honoré quand ses frères souffrent d'une constante humiliation. Ainsi, lorsqu'il est élevé au titre de Maître des Boussoles, l'envie embrase le quartier juif et il se voit écarté par les siens. Seul, dévoré par un amour interdit, il se bat pour protéger la femme tant aimée. Mais dans la ville où les passions s'enflamment, tout se sait ou se devine et son fils Yaffuda ne pourra épouser la jeune Esther.

Lorsque Abraham meurt, en 1387, il emporte avec lui le secret de son adultère, celui d'avoir donné le jour à une petite fille. Son fils lui succède, Maître des Boussoles du roi Joan d'Aragon, admiré de tous pour son savoir immense, le jeune cartographe traîne avec lui l'amertume d'une vie brisée. Mais sa rancune s'efface devant le drame qui frappe sa communauté. En ce mois d'Août 1391, quand le petit peuple de Majorque se révolte, l'émeute est vite détournée sur les juifs. Bien peu survivront au massacre. Ceux qui restent devront fuir ou abjurer.
Si Yaffuda se convertit, la mort dans l'âme, il ne peut abandonner la petite Rachel, tout ce qui reste de son père. Il sera là, dans l'ombre, pour la protéger. Il se résigne à une vie de travail et de silence quand le passé ressurgit et, avec lui, Esther.